Le Suffren (2/2), vaisseau de 90 canons, musée de la Marine

6 Janvier 2011

Le Suffren

Photos du 2 janvier 2011

Revoir celle du 8 mars 2009 >>> Le Suffren (1), musée de la Marine

Marine-1 0937

Tag(s) : #Musée de la Marine

La Vierge et l'Enfant entre deux anges, statue en marbre

La Vierge et l'Enfant, statue en pierre d'Istrie

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H. L.

28/08/2017 19:52

Ces photos ont été prises d'un peu trop près pour que l"on puisse distinguer d'un seul coup d'œil l'ensemble de la silhouette du vaisseau, mais les détails qu'elles montrent sont plus fins que ceux que l'on peut voir sur le site officiel du musée de la marine. De forr bonnes images donc. Au début des guerres de la Révolution et de l'Empire (avril 1792 - juillet 1815), les vaisseaux de premier rang britanniques, des trois-ponts de 100 canons, jaugeaient ⑴ de presque 2100 à presque 2300 tonneaux (de 5900 à 6500 ㎥ de cale) pour des déplacements qui, d'après leurs dimensions, devaient être de l'ordre de 3500 à 3900ｔ, les vaisseaux français de premier rang faisant 2500 ou 2600 tonneaux de jauge pour les anciens (de 7100 à 7400 ㎥ de cale pour mis trois-ponts de 110, qui déplaçaient 4500/4700ｔ) et 2750 tonneaux de jauge ⑵ pour les nouveaux (trois-ponts de 120 canons, déplaçant 5030ｔ). Les vaisseaux britanniques de deuxième rang étaient des trois-ponts de 98 canons jaugeant ⑴ de 1800 à 1950 tonneaux, les nôtres étant des deux-ponts de 80 canons jaugeant, sauf un, de plus de 2100 à plus de 2300 tonneaux. Ils n'étaient pas seulement aussi grands, mais encore aussi forts que les vaisseaux britannique de premier rang, et bien davantage que ceux du second. Les vaisseaux britanniques de troisième rang étaient des deux-ponts de 74 canons jaugeant un peu plus de 1600 tonneaux (environ 4600 ㎥ de cale) sauf pour un petit nombre qui approchait 1750 tonneaux ⑴ soit plus de 4900 ㎥. Les anciens vaisseaux français de ce rang, eux aussi deux-ponts de 74, jaugeaient environ 1800 tonneaux, et 1880 (5300 ㎥) pour les derniers modèles ⑶ qui déplaçaient 2950ｔ. Enfin les Britanniques utilisaient encore des vaisseaux de quatrième rang, des deux-ponts de 64 canons jaugeant 1400 tonneaux. Non seulement nos vaisseaux étaient plus grands et plus forts que ceux de la Royal Navy mais ils étaient aussi meilleurs voiliers, surtout pour ceux des nouvelles classes. D'un vaisseau de 120 qu'ils prirent lors du soulèvement de Toulon, un Anglais écrivit ⑷ : « Ce navire merveilleux et puissant, le Commerce-de-Marseille, n'a jamais navigué comme un croiseur au service de l'Angleterre. Ce navire jaugeait 2747 tonneaux. Comme le Commerce-de-Marseille était le plus grand, il était aussi le plus beau navire vu jusqu'alors ; et, malgré sa taille immense, naviguait et manœuvrait comme une frégate. » Du Sans-Pareil de 80, pris au combat du 13 prairial an II ⑸ : « Mais que dire du Sans-Pareil. Il s'agissait d'un navire, également nouvellement lancé, qui égalait presque la taille de la Queen Charlotte elle-même, et qui s'est révélé être un vaisseau si rapide qu'on pourrait à peine créditer même une frégate de son aisance à rattraper les corsaires français, bien que dans le calme dans l'œil du vent, et pratiquant toutes les manœuvres possibles pour s'échapper. » Et du Pompée et de l'Impétueux de 74, pris à la même bataille ⑹ : « ces deux derniers étaient considérés comme les plus fins navires qu'on eût jamais vus dans un port britannique. » Après plus de vingt ans de guerre la Royal Navy avait bien sûr rattrapé l'essentiel de son retard. Ses nouveaux vaisseaux de premier rang avaient eux aussi 120 canons, jaugeaient un peu plus de 2600 tonneaux ⑺ soit 7400 ㎥ de cale ; ceux de deuxième rang étaient des copies à peine modifiées de nos deux-ponts de 80 canons et jaugeaient 2280 tonneaux ⑴, soit 6450 ㎥ ; ceux de troisième rang, deux-ponts de 74, se divisaient en vaisseaux de 1750 tonneaux et en vaisseaux plus grands encore que les nôtres de ce rang ⑺, quand il n'en étaient pas de simples copies. Et, bien sûr, les vaisseaux de 64 avaient disparu. Comme le fit remarquer un ingénieur de la marine, le baron Tupinier, l'apparition de frégates portant des pièces de 24 rendait les vaisseaux de 74, portant des canons de 18 à la seconde batterie, vulnérables au cas où la houle serait trop forte pour qu'on pût en ouvrir les sabords de la batterie basse, et les nouvelles frégates à canons de 30, 32 ou 36 avaient ce même avantage sur les vaisseaux les plus forts, de sorte qu'on en vint à concevoir de nouvelles classes de vaisseaux devant avoir leur sabord le plus bas non plus à 1,6 ou 1,8 m au-dessus de l'eau mais, comme les frégates, à 2 mètres ⑻. Tupinier jugeait que les vaisseaux de premier rang, voguant en escadre, ne risquaient pas d'être surpris par une frégate, aussi conseilla-t-il de les conserver mais de remplacer ceux de 80 et de 74 par des vaisseaux plus grands ; on suivit à peu près ses recommandations, et ainsi naquirent les vaisseaux de deuxième rang à 100 canons, et ceux de troisième rang à 90 canons, le Suffren étant le premier. Les derniers vaisseaux de 120, à peine modifiés par rapport à ceux d'avant la Révolution, déplaçaient 5090ｔ; les nouveaux de 100 déplaçaient 4450ｔ, et ceux de 90, comme le Suffren, 4070ｔ. Les caractéristiques nautiques des nouvelles classes se révélèrent décevantes ; bientôt apparurent les navires à hélice, de sorte que l'on peut considérer que les voiliers de Sané avaient été le chant du cygne de la marine à voiles. ⑴ Brian Lavery, The Ship of the line, volume 1, Londres, Conway Maritime Press, 1983. ⑵ William Laird Clowes & Clement Robert Markham, The Royal Navy : a History from the Earliest Times to the Present, volume 4, London, Sampson Low & Marston, 1897, page 154. ⑶ William James, Naval History of Great Britain, volume 1 : - Vaisseau de 120 canons de Sané et de Borda : 2747 tonneaux (le Commerce-de-Marseille, page 91). - Vaisseaux de 80 canons de Sané et de Borda : 2242 tonneaux (le Sans-Pareil, page 169) ; 2281 tonneaux (un autre, page 292). - Vaisseaux de 74 canons de Sané et de Borda : Le Pompée, 1901 tonneaux (page 91) ; l'América, 1884 tonneaux, et l'Impétueux, 1878 tonneaux (page 169). ⑷ W. James, page 91 : « […] that superb and powerful ship, the Commerce-de-Marseille, never sailed forth as a cruiser in the service of England. This ship measured 2747 tons. As the Commerce-de-Marseille was the largest, so was she the most beautiful ship that had hitherto been seen ; and, notwithstanding her immense size, sailed and worked like a frigate. » ⑸ W. James, page 198 : « But what shall we say of the Sans-Pareil. Here was a ship, also newly launched, nearly equalling in size the Queen Charlotte herself, and which subsequently proved to be so fast a sailer that her facility in overtaking French privateers, although dead in the wind's eye, and practising every possible manoeuvre to escape, would scarcely be credited, even of a frigate. » ⑹ W. James, page 198 : « the two latter [l'América et l'Impétueux] were considered as the finest ships that had ever been seen in a British port. » ⑺ W. L. Clowes et alii, volume 5, page 15. ⑻ Jean-Marguerite Tupinier (1779-1850), Observations sur les dimensions des vaisseaux et des frégates dans la marine française, Imprimerie royale, Paris, 1822. ⑼ Amiral Edmond Pâris, Atlas du Génie maritime, volume 1, Toulon ; planches 5 (vaisseaux de 120), 6 (vaisseau de 100) et 7 (vaisseau de 90) ; les planches 8 et 9 sont les plans respectivement des vaisseaux de 80 (réarmés avec 86 pièces) et de 74 (réarmés avec 82 pièces), déplaçant, après quelques modifications mineures, 3760 et 3020ｔ.

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